jeudi 16 mars 2017

GOUVERNEURS DE LA ROSEE, UN ROMAN A LIRE



Nous mourrons tous … et elle plongea sa main dans la poussière : la vielle Délira Délivrance dit : nous mourrons tous : les bête, les plantes, les chrétiens vivants, o Jésus-Maria la sainte vierge ; et la poussière coule entre ses doigts. La même poussière que le vent rabat d’une halène sèche sur champ dévasté de petit mil, sur la haute barrière de cactus rongé de vert-de-gris, sur les arbres, ces baya ondes rouillés.

La poussière monte de la grande route et la vielle Délira est accroupie devant sa case, elle ne lève pas les yeux, elle remue la tête doucement, son madras a glissé de cote et on voit une mèche grise saupoudrée, dirait-on, de cette même poussière qui coule entre ces doigts comme un chapelet de misère : alors elle répète : nous mourrons tous,- et elle appelle le bon Dieu. Mais c’est inutile parce qu’il y a si tellement de pauvres créatures qui hèlent le bon Dieu  de tout leur courage que ça fait un grand bruit ennuyant que le bon Dieu l’entend et il crie : quel est foutre tout ce bruit ? Et il se bouche les oreilles. C’est la vérité l’homme est abandonné.

Bien Aime, son marie, fume sa pipe, la chaise cale contre le tronc d’un calebassier. La fume ou sa barbe cotonneuse s’envole au vent.
-          Oui, dit-il, en vérité le nègre est une pauvre créature.
Délira semble ne pas l’entendre.

Une bande de corbeaux s’abat sur les chandeliers. Leur coassement enroué racle l’entendement, puis ils se laissent tomber d’une volé, dans le champ calciné, comme des morceaux de charbon dispersés … 

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