Demandez à n’importe qui si les gras saturés sont
bons ou néfastes pour la santé du cœur et ils vous répondront : «Voyons, ils
sont mauvais, tout le monde sait ça!» En effet, le lien entre les gras saturés
et la santé cardiovasculaire est connu de tous. Pourtant, de plus en plus de
chercheurs remettent en question l’acharnement médical et nutritionnel envers
les gras saturés. En effet, l’impact sur la santé ne serait pas aussi
dommageable qu’on le pense.
Que sont les gras saturés?
Il existe 24
acides gras saturés différents qui se distinguent par la longueur de leur
chaîne de carbone.
Les gras saturés
se trouvent principalement dans les produits animaux, comme la viande, le lait
ou le fromage, mais également dans certaines huiles végétales, comme l’huile de
noix de coco ou de palme. Toutefois, depuis l’industrialisation, les gras
saturés sont de plus en plus présents dans l’alimentation, notamment parce
qu’ils sont utilisés dans les produits transformés. Les gras saturés à chaîne
moyenne et longue sont habituellement solides à la température de la pièce.
C’est entre autres pour cette caractéristique et pour leur stabilité qu’ils
sont utilisés dans beaucoup de produits transformés.
En quoi sont-ils dangereux?
Dès le début des
années 1950, plusieurs études clés ont établi un parallèle entre la
consommation de gras saturés et l’augmentation des risques de souffrir de
maladies cardiovasculaires. Les gras saturés augmenteraient le « mauvais »
cholestérol (LDL-C) dans le sang, ce qui provoquerait, par une série de
réactions métaboliques, des dépôts dans les artères qui empêcheraient le sang
de bien circuler.
Cette association
est bien ancrée dans la tête des professionnels de la santé. La plupart des
institutions de santé recommandent de consommer le moins de gras saturés
possible. Par exemple, Santé Canada et l’Institut de médecine américaine
recommandent de réduire les gras saturés au minimum. De même, l’American Heart
Association et la Fondation des maladies du cœur et de l’ACV suggèrent de
limiter l’apport en gras saturés à moins de 7% de l’énergie totale. Ces
recommandations ont pour but de diminuer les risques de souffrir de maladies
cardiovasculaires. Pourtant, de plus en plus d’études remettent en doute ces
recommandations et plusieurs chercheurs estiment que nous avons mis trop
d’importance sur l’impact de ces gras.
Que disent les nouvelles études?
Une méta-analyse
effectuée en 2009 regroupant 28 études de cohorte prospectives (incluant 280
000 participants) n’a trouvé aucun lien significatif entre les gras saturés et
la santé cardiovasculaire. De même, le fait d’adhérer à une alimentation où le
ratio de gras polyinsaturés/saturés est plus élevé ne semble pas diminuer les
risques de maladies cardiovasculaires ou la mortalité.
Des conclusions
similaires ont été tirées d’une seconde méta-analyse, publiée en 2010, incluant
cette fois 21 études de cohorte prospectives incluant 347 747 participants
suivis pendant 14 ans en moyenne.
En 2012, une
méta-analyse du groupe Cochrane a, quant à elle, analysé les résultats de 48
essais cliniques randomisés contrôlés (regroupant 65 000 participants). Le fait de diminuer la quantité de gras de
l’alimentation et/ou de modifier le profil d’acides gras de l’alimentation
(diminuer les gras saturés au profit des acides gras insaturés) n’a pas eu
d’impact sur la mortalité globale ou la mortalité liée aux maladies
cardiovasculaires. Par ailleurs, ces changements dans l’alimentation diminuent
de 14% les risques d’événements cardiovasculaires. Toutefois, lorsque les
études qui modifiaient d’autres aspects de l’intervention en plus des gras (par
exemple l’arrêt du tabagisme, la promotion de l’exercice physique, la
consommation de fruits et légumes, etc.) étaient retirées de l’analyse, les
résultats n’étaient plus significatifs. En bref, il est difficile d’isoler
l’effet des gras saturés sur les risques d’événements cardiovasculaires.
Que faire pour prévenir les maladies cardiovasculaires?
Les résultats de
ces études bousculent nos croyances face aux effets des gras saturés sur notre
santé cardiovasculaire. Ils nous démontrent une fois de plus qu’on ne devrait
jamais mettre tous nos œufs dans le même panier en misant sur un élément
nutritif en particulier pour diminuer nos risques de maladies. Bien que de
diminuer les gras saturés de notre alimentation semble peu efficace pour la
prévention des maladies cardiovasculaires, plusieurs recommandations
nutritionnelles demeurent valables en ce sens :
Consommez le moins de gras trans possible. Ces
gras ont un impact très néfaste sur la santé cardiovasculaire.
Assurez-vous de
consommer des acides gras oméga-3, en mangeant du poisson deux fois par
semaine, car ces derniers ont des effets bénéfiques sur la santé cardiovasculaire.
Diminuez votre
consommation de sucres ajoutés. Dans le but de diminuer les gras saturés dans
les produits transformés, les fabricants ajoutent fréquemment plus de sucres.
Malheureusement, ce nutriment, principalement le fructose, est de plus en plus
pointé du doigt pour son rôle dans le développement de l’obésité et du syndrome
métabolique.
Adoptez une
alimentation de type « méditerranéenne ». En effet, il est parfois difficile de
pointer spécifiquement l’impact d’un aliment ou d’un nutriment sur la santé.
Par contre, il a été démontré à plusieurs reprises que l’adoption de la diète
méditerranéenne, qui est naturellement pauvre en gras saturés, protège contre
les maladies cardiovasculaires.
Modifiez vos
habitudes de vie qui nuisent à votre santé. Arrêter la cigarette ou pratiquer
de l’exercice physique quotidiennement procure des bienfaits à la santé
cardiovasculaire.

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